Promouvoir la diversité communicationnelle : le droit à la (juste) représentation de soi dans les médias
Ce projet de recherche vise à développer des ressources pour sensibiliser et accompagner les médias à représenter la diversité communicationnelle (c.-à-d. la valorisation des diverses formes de parole, par ex. bégaiement, aphasie, trouble du langage, autisme, etc.). Ces ressources seront co-créées avec des personnes issues de la diversité communicationnelle (ex. personnes qui bégaient), des clinicien.ne.s (ex. orthophonistes) et des professionnel.le.s des milieux médiatiques. L’organisme Vocavie, dont la mission vise à améliorer la qualité de vie et la participation sociale des personnes avec un handicap de la communication, est partenaire de ce projet.
Comprendre et agir sur la stigmatisation et l’auto-stigmatisation des personnes qui bégaient : co-création d’un jeu pour l’intervention en orthophonie
Ce projet de recherche vise à co-créer, avec des clinicien·nes, des PQB et leurs proches, des personnes issues du domaine du jeu et des chercheur·ses en orthophonie, un jeu ciblant les enjeux de stigmatisation et d’auto-stigmatisation chez les PQB, ainsi qu’un protocole d’intervention intégrant le jeu développé.
Projets déjà réalisés
L’innovation techno-sociale pour changer le paradigme de la stigmatisation et de l’auto-stigmatisation des personnes qui bégaient
L’intervention orthophonique pour les personnes qui bégaient (PQB) vise surtout le maintien d’une parole fluide. Bien que des approches tenant compte des aspects psychologiques (comme la honte) suscitent de plus en plus d’intérêt chez les orthophonistes, celles-ci n’adressent pas directement l’expérience identitaire (présenter une condition stigmatisée pouvant entraîner un processus d’internalisation appelé « auto-stigmatisation »). Pourtant, l’(auto-)stigmatisation constitue un obstacle à la participation sociale de la PQB, qui s’ajoute, voire dépasse celui que représente la parole bégayée. Alors que la littérature récente s’intéresse à documenter le rôle de l’(auto-)stigmatisation sur la qualité de vie des PQB, les connaissances sur les interventions ciblant sa diminution sont limitées. Notre recherche vise donc à développer une intervention orthophonique visant à adresser l’(auto-)stigmatisation. Une des premières étapes de ce projet consiste à tenir des ateliers de co-création exploratoire avec les populations impliquées. Des expert·es de l’expérience vécue du bégaiement (PQB) (n = 5), des expert·es clinicien·nes (orthophonistes, travailleur·euses sociaux, psychologues et sociologues) (n = 5) et des expert·es en technologie et/ou innovation en réadaptation (programmeur·euses en réalité virtuelle et/ou en jeux vidéo, chercheur·ses dans le domaine des arts et réadaptation ainsi que de l’innovation responsable) (n = 5) se sont rassemblé·e·s pour définir les principes centraux de l’intervention. Ces ateliers ont été encadrés par une méthode de recherche participative (collecte de données mixtes) en 3 étapes, inspirée de la Participative Concept Mapping Approach, qui inclut une étape de génération, de tri et d’évaluation d’idées provenant de chacun·e des expert·es. Les résultats préliminaires de cette démarche seront présentés.
Effectiveness of the Lidcombe Program for children who stutter with concomitant disorders: A retrospective chart review study
Le Programme Lidcombe (PL), une intervention orthophonique qui vise l’atteinte d’une parole fluide, est communément utilisé avec les enfants qui bégaient (EQB) par les orthophonistes. Il est fréquent pour un EQB de présenter au moins un trouble concomitant (TC). Cependant, les EQB qui présentent un TC sont souvent exclus des études qui se penchent sur l’efficacité du PL. Ceci est une étude rétrospective sur dossiers à l’Institut Raymond-Dewar (CSSMTL-IRD, Montréal) qui vise à décrire les caractéristiques d’une cohorte d’EQB recevant des services en centre de réadaptation, ainsi qu’à mieux comprendre la trajectoire de soins de ces enfants selon la présence ou l’absence de TC. Un total de 51 dossiers ont satisfait nos critères d’inclusions (76 % de garçons). Dans notre échantillon, 58,8 % des enfants présentent un diagnostic de TC, et 74,5 % présentent un diagnostic ou une suspicion de TC. Sur une échelle de sévérité à 10 points, les EQB avec un TC commencent et finissent le PL avec un plus haut niveau de sévérité du bégaiement (Pré : 4,53 > 3,00, p=0.03 ; Post : 2,26 > 0,67, p=0.01) lorsque comparés aux EQB sans TC. Nos résultats montrent que la trajectoire de soins du groupe d’EQB avec un TC est différente de celle des EQB sans TC. Les implications cliniques des différences observées et des directions d’études futures seront discutées, dans le but d’améliorer notre compréhension de cette population et de leurs besoins spécifiques pour mieux outiller les orthophonistes.
Enfin, a podcast in French on stuttering!— » Je je je suis un podcast »: Impacts of accessing stuttering-related information in one’s mother tongue
Les podcasts, média abordable et accessible, transforment le monde de la diffusion des connaissances. Si les podcasts sur le bégaiement en anglais sont légion, ceux en français sont bien plus rares, malgré la taille importante des publics francophones (5e langue la plus parlée, 320 millions de locuteurs). Or, la littérature récente rapporte que l’écoute de balados sur le bégaiement présente des effets bénéfiques pour les personnes qui bégaient (PQB), tels qu’un sentiment d’empowerment et d’appartenance à une communauté. C’est pourquoi l’Association bégaiement communication (ABC), un organisme québécois, a lancé Je je je suis un podcast, un des premiers balados en français sur le bégaiement. Nous présenterons, chez deux populations (PQB et orthophonistes), 1) comment le français, comme langue de contenu de Je je je suis un podcast, a eu un impact sur l’accessibilité à de l’information sur le bégaiement, et 2) l’impact de cette information sur ces deux groupes. En effet, l’analyse des données mixtes d’un sondage en ligne mené auprès de 79 répondant.e.s (40 PQB et 39 orthophonistes) fait état non seulement d’une plus grande accessibilité à l’information, mais aussi un sentiment d’identification accru facilité par le français. Les orthophonistes rapportent que le podcast constitue un outil thérapeutique et un levier de changement dans le domaine. Pour les PQB, les connaissances apportées génèrent un sentiment d’empowerment et d’appartenance qui les encouragent à s’impliquer.
Voici la référence de l’article : Lamoureux, G., Labonté, J., Coulombe, E., & Verduyckt, I. (2023). Enfin, a podcast in French on stuttering!— » Je je je suis un podcast »: Impacts of accessing stuttering-related information in one’s mother tongue. Journal of Fluency Disorders, 76, 105961.